Pochette de l'album Grace (1994)

J'ai découvert Jeff Buckley un après-midi d'avril 1995. J'ai acheté son album Grace à un moment où j'étais dans une sorte de désert musical, sans savoir vraiment ce qui m'attendait. Je connaissais juste le nom de son père, Tim Buckley, dont une amie m'avait parlé quelque mois auparavant. Elle m'avait dit que c'était un chanteur des années 70 à la voix incroyable et que sa musique m'intéresserait sûrement. J'avais aussi entendu quelques notes de l'intro de Grace lors d'un spot TV. C'était peu, mais pour moi, quelque chose se passait déjà dans ces 5 ou 6 secondes d'arpèges étranges.

Je n'ai pas écouté le disque avant de l'acheter (on ne pouvait pas chez mon disquaire...) et j'avoue avoir eu un peu peur, en examinant la pochette, d'avoir gaspillé mes cent et quelques francs. Elle faisait un peu "chanteur à minettes", malgré le ffff de Télérama et le "Grand Prix de l'Académie Charles Cros" collés sur le boitier.
Mais je l'ai écouté tout de suite en rentrant. Puis une deuxième fois avec deux amis musiciens. Puis une troisième fois le soir-même, je crois. Sans m'en rendre compte, j'étais en train de m'injecter les doses d'une substance hautement addictive. Les semaines qui suivirent, j'ai écouté cet album plusieurs fois par jour, ce qui ne m'arrivait jamais d'habitude. Je n'ai pas cherché tout de suite à jouer moi-même les morceaux, impossible de prendre ma guitare pendant que je les écoutais. J'avais besoin de leur laisser leur mystère, de m'imprégner d'abord de toutes les nuances sonores de ce disque...

 

A écouter :

Lover, You Should've Come Over (nov. 2001, home demo)

Lilac Wine (oct. 2001, home demo)

The Way Young Lovers Do (dec. 2002, live au Taïs, Paris)

Last Goodbye (dec. 2002, live au Taïs, Paris)

The boy with the thorn in his side (dec. 2002, live au Taïs, Paris)

Last Goodbye (janv. 2005, live à l'Abracadabar, Paris)

Mojo Pin (oct. 2004, impro multipistes)

So Real (fev. 2006, live chez Pascaline, Paris)

I Shall Be Released (mai 2006, live chez Pascaline, Paris)

Lover, You Should've Come Over (juin 2006, live chez Pascaline, Paris)

I Woke Up In A Strange Place
You and I
(juil. 2007, Tribute to Jeff Buckley aux Cariatides, Paris)

Mojo Pin impro (août 2007, home video)

Et aussi :

L'âge d'or du (nouveau) rock (texte écrit en 2001)


A visiter :

jeffbuckley-fr.net : site d'infos + forum francophone, plein d'amis de longue date ;)

jeffbuckley.com : site officiel

mojopin.org : une mine ! (en anglais)

un Myspace (forcément...)


A se procurer :

Disques :
- L'album Grace chez amazon.fr ou iTunes
- L'EP Live at Sin-é chez amazon.fr ou iTunes

Biographies :
- Dream Brother, de David Browne en anglais ou en français. Exhaustive, elle a l'avantage de mettre en parallèle les vies de Jeff et Tim.
- Jeff Buckley, de Stan Cuesta. Celle-ci va à l'essentiel et propose une analyse des influences de l'artiste.


Pendant les sessions du Live at Sin-é (août 1993)

J'ai ensuite appris que Jeff Buckley passait à l'Olympia en juillet : j'ai pris ma place immédiatement, comme s'il y avait une réelle urgence à le voir en concert. En dehors d'une atmosphère incroyablement chargée, je me souviens juste avoir regretté de ne pas connaître suffisamment tous les détails de ses chansons pour apprécier la transformation qu'il leur appliquait en concert. Je m'attendais à voir dix musiciens sur scène, à entendre des chœurs partout...

A la fin de l'été 1995, j'ai compris ce que signifiait vraiment être fan : j'ai acheté tous les CD singles, imports, etc, que j'ai pu trouver. C'était d'autant plus passionnant que ça se passait pour moi quasiment "en temps réel", car sa carrière démarrait à peine (Grace était sorti en août 1994). En découvrant le 4-titres Live at Sin-é, je reçus le coup de "grâce" : j'y retrouvais exactement ce que j'avais envie de réaliser musicalement. Une guitare et une voix aussi virtuoses l'une que l'autre, construisant un univers à la fois complètement nouveau et chargé de références, allant puiser dans tous les registres musicaux. L'expression de la liberté.

Paradoxalement, la liberté de Jeff Buckley m'aura autant ouvert de voies (de voix ?) qu'elle m'aura rendu prisonnier : prisonnier de la comparaison, de la référence absolue, de la sensation d'inachevé, avec sa mort en mai 1997, deux ans après l'avoir découvert. Il était encore quasiment inconnu alors, en particulier aux Etats-Unis, d'où il venait.
Pourtant, son influence sur le rock et la pop depuis la fin des années 90 est évidente, de Radiohead à Coldplay, de Placebo à Muse, pour ne citer que les plus connus. Aujourd'hui, en 2007, dix ans après sa disparition, un film sur sa vie est en préparation à Hollywood...

A ma façon, j'ai cherché à lui rendre hommage et à me faire plaisir en faisant passer à travers moi sa musique, avec les déformations que cela entraîne... J'ai regroupé certaines choses ici, des chansons écrites ou reprises par Jeff Buckley, j'en rajouterai sans doute plus tard...


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